La posture du chercheur en sociologie de l'éducation se construit entre distance et proximité avec son terrain et ses enquêtés, puisqu'elle fait partie intégrante de son travail de recherche (Schwartz, 1993 ; Dunezat, 2011 ; Fourment, 2019).
En tant que doctorante, auparavant chargée d'études dans le cadre du projet Nouveaux Cursus à l'Université, j'analyse les effets du projet sur les pratiques des enseignants, les trajectoires et expériences étudiantes (Dubet, 1994).
La proximité avec les personnels enseignants et administratifs de l'université interrogés m'a permis de disposer d'un « droit d'entrée » (Darmon, 2005), mais interroge la restitution de leur parole sans prendre le risque de se voir fermer les portes de mon objet d'enquête (Bruneteaux, 2018).
Parallèlement, mon statut d'enquêtrice est devenu dual : enquêtrice et enseignante. J'ai eu en cours cette année des étudiants que je suis dans le cadre d'une étude qualitative longitudinale (Cayouette-Remblière, Geay, Lehingue, 2018). La notion d'apprentissage avec et par les étudiants fait sens, puisque j'apprends d'eux-mêmes pour la recherche et pour l'enseignement.
La relation se transforme donc entre chercheur et enquêtés à partir du passage de chercheur à enseignant. Est-ce que cela contribue à la formation et au processus de transformation du chercheur/doctorant ?
Enquêter en milieu familier et sur ses propres élèves conditionne (Truong, 2014). Ce mélange d'engagement et de détachement (Truong, 2014), lors de conversations informelles sur mon sujet d'études avec des collègues ou lors de situations d'entretiens où les étudiants me livrent leurs perceptions de la pédagogie à l'université, m'amène à modifier ma manière d'agir et ma pratique pédagogique.
Ce travail d'objectivation consiste à livrer « des éléments subjectifs par souci d'objectivité » (Noiriel, 1990), permettant de trouver les « ficelles du métier » (Becker, 2002).