L'éducation, dans ses approches méthodologiques, ses orientations et sa téléologie, reflète profondément l'imaginaire social d'une société donnée. L'éducation contemporaine, axée sur la professionnalisation, la spécialisation, la rationalité scientifique et l'individualisme, incarne cet imaginaire social dominant. En réponse à la question fondamentale posée par Cornelius Castoriadis, « pourquoi devrions-nous apprendre cela ? », l'éducation moderne ne peut fournir que des justifications des justifications fonctionnelles, donc rationnelles. .

Dans cette étude, nous nous attacherons à explorer le concept de paideia selon Castoriadis afin d'élaborer une critique philosophique du cadre éducatif occidental contemporain. Pour Castoriadis, la paideia implique processus et ethos, s'opposant ainsi à l'éducation contemporaine qui, selon lui, manque d'une dimension créatrice en lien direct avec le social. Cette lacune se manifeste dans ce que l'auteur qualifie de « crise des contenus » dans le système éducatif.

Deux éléments majeurs sous-tendent cette crise. Le premier réside dans l'expansion disproportionnée de la maîtrise rationnelle, érigée en signification centrale de l'imaginaire moderne. Le second, conséquence directe de cette maîtrise rationnelle, se manifeste dans l'hétéronomisation du système éducatif, coupant ce dernier des véritables enjeux sociaux.

A contrario, la paideia se présente comme une praxis visant le développement de l'autonomie citoyenne. Elle privilégie une problématisation des enjeux sociaux fondée non pas sur la simple possession du savoir, mais sur un désir de savoir. En ce sens, elle ne cherche pas à clôturer la question, mais à nourrir le processus de questionnement. 

Dans cette perspective, notre étude ambitionne d'explorer la dimension cosmopolitique de l'éducation à l'ère de la globalisation économique. L'intégration des notions de responsabilité et de solidarité, conçues comme des piliers de l'autonomie, offre une vision planétaire capable de répondre aux défis globaux actuels, tout en promouvant une autonomisation décentrée des citoyens.