Cette contribution, issue d'une thèse de doctorat, présente une démarche de recherche participative et collaborative dans laquelle des élèves sont impliqué·e·s en tant que co-chercheur·euse·s pour explorer le climat scolaire. Ce choix méthodologique, adoptant une posture épistémologique qui reconnaît les enfants comme des acteurs sociaux compétents s'inscrit dans la perspective des childhood studies et des études en droits de l'enfant (Mayall, 2000). Cette étude se concentre sur trois écoles alternatives en Suisse romande, mettant en lumière des contextes favorables à l'apprentissage collaboratif et interdisciplinaire (Darbellay et al., 2021).
Un dispositif méthodologique incluant observations, entretiens avec équipes éducatives, directions, parents et élèves de 4 à 12 ans a été déployé afin d'appréhender la nature systémique et dynamique du climat scolaire (Cohen et al., 2009). Se basant sur les fondations des recherches avec des enfants co-chercheurs posées notamment par Smith et al. (2002), notre étude a mobilisé une vingtaine d'élèves âgé·e·s de 9 à 12 ans pour contribuer à cette démarche collaborative. Durant quatre séances réparties sur une année scolaire, leur participation a enrichi notre analyse du climat scolaire et fourni des retours critiques concernant notre dispositif méthodologique, en particulier sur la sélection et l'exécution de certaines méthodes.
L'implication active des élèves nous a permis de mieux comprendre comment les interactions et les pratiques éducatives et pédagogiques influencent leur expérience scolaire, aussi bien en termes de socialisation qu'en matière d'apprentissages. La recherche collaborative, visant à coconstruire des savoirs contextualisés, souligne l'importance d'une relation plus symétrique entre chercheur·euse·s et participant·e·s (Morrissette, 2013). Cette démarche soulève des enjeux méthodologiques et éthiques importants, mettant en exergue la nécessité d'adapter les interventions aux réalités logistiques et temporelles, ainsi que de construire des relations de confiance tout en restant flexible face aux imprévus, dans un processus de réflexion continu. De plus, cette approche méthodologique menée avec des enfants peut être discutée au regard des complexités de la parole enfantine, en écho aux travaux de Leroy (2020), qui oscille entre émancipation et détermination par les cadres sociaux.
Bibliographie
Cohen, J., McCabe, E. M., Michelli, N. M., & Pickeral, T. (2009). School climate: Research, policy, practice, and teacher education. Teachers college record, 111(1), 180-213.
Darbellay, F., Moody, Z., & Louviot, M. (2021). L'école autrement ? : Les pédagogies alternatives en débat. Éditions Alphil - Presses universitaires suisses.
Leroy, G. (2020). Les conceptualisations de la parole enfantine au sein des sociologies de
l'enfance. Recherches en éducation, 39, 7-16.
Mayall, B. (2000). The sociology of childhood in relation to children's rights. The International Journal of Children's Rights, 8, 243.
Morrissette, J. (2013). Recherche-action et recherche collaborative : quel rapport aux savoirs et à la production de savoirs ? Nouvelles pratiques sociales, 25(2), 35-49.
Smith, R., Monaghan, M., & Broad, B. (2002). Involving young people as co-researchers: Facing up to the methodological issues. Qualitative Social Work, 1(2), 191-207.